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Dominique déguste … le Vin de Table « Vitriol » 2003 / Pierre Beauger

10 ans de réflexion …
Après une décennie de sommeil, un « Vitriol » auvergnat a-t-il pris le pli d’« arsenic et vieilles dentelles » ?

4- Auvergne - Dominique

Avec « vin de table » pour signe de qualité et « Vitriol extra » pour promesse gustative, pas besoin d’un tire-bouchon pour loger la démarche de Pierre Beauger dans la mouvance des vins « nature ».

Après à peine plus de dix ans de vinification à Jussat, à flanc de pentes basaltiques du Puy-de-Dôme, le solitaire de Montaigu-le-Blanc (il y tient là un « gîte vigneron ») compte déjà nombre de groupies dans la « naturosphère », prêts à se fendre le gosier pour quelques centilitres de son gamay.
Signe patent que Pierre Beaugé a trouvé son public : presque donné à sa sortie (10,00 € prix public, départ cave, seulement 1.800 bouteilles conditionnées le 23 mars 2004), Vitriol, en millésime contemporain, s’échange aujourd’hui 3 à 4 fois plus cher chez les cavistes.

Ce gamay vitriolé, justement, après plus de dix ans passés dans le couloir de la mort –ma cave- sans protection soufrée, s’est-il évanoui, avachi par les années, trahi par l’option « nature » de son géniteur ?

Né en 2003 de « gamay d’Auvergne », variété aujourd’hui très sévèrement challengée localement par le gamay beaujolais dit « noir à jus blanc », « Vitriol » prouve que le travail de rodage opéré par Pierre Beauger auprès de Puzela, Richaud et d’autres de par le monde, a porté ses fruits. Ce qui fut à l’époque comme un premier geste de vigneron indépendant (premier millésime en 2001), atteste, dix ans plus tard, du talent précoce du garçon. Et ce, malgré une économie de moyens qui rime avec bouts de ficelle.

« Vitriol extra » aime à respirer dans le verre. Non pour gommer les travers des vins non protégés, mais pour que ce gamay plein puisse déployer ses ailes. Cette respiration, loin d’être le couperet qui raccourcit la courbe de vie de certains vins « nature », lui donne de l’ampleur et lui donne comme un air de beau Moulin-à-Vent de millésime riche.

dégustation
robe dense bordée de tonalités ambrée
vin de demi-corps épicé et long
tannins fondus mais ensemble
encore très dynamique
à boire sur 5 ans

pierre beauger │ vin de table │ rouge {2003}
gamay d’auvergne │ 100 %
vendanges manuelles │ barriques 8 mois
ni sulfitage │ ni filtration │ ni collage
viande blanche rôtie │ avec des amis

Post-Scriptum : Si « Vitriol », sous-titré « extra », fait référence à « Visita interiorem terrae rectificando invenies operae lapidem » (« Visite l’intérieur de la Terre et en te rectifiant tu trouveras la pierre cachée »), la mention « Vendangé en tongues » raconte, elle, assez bien le souci pointilleux de transparence qu’apporte Pierre Beauger à l’information de sa clientèle

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